Les polluants entrainent retards et malformations chez l’enfant »

Le Monde , La Croix

Stéphane Foucart indique dans Le Monde que « deux études françaises différentes soulignent les effets de la pollution chimique sur le développement infantile ».
Le journaliste évoque ainsi « des manifestations allant de l’altération des capacités intellectuelles à la fréquence de certaines malformations congénitales. La première [étude], publiée dans Environment International, a consisté à chercher les effets de l’exposition à une famille courante d’insecticides – les pyréthrinoïdes – sur les facultés cognitives de jeunes enfants ».
Stéphane Foucart note que « ces travaux, conduits par Jean-François Viel (CHU de Rennes, Inserm) et Cécile Chevrier (Inserm), ont utilisé les données d’une cohorte d’environ 3.500 couples mère-enfant suivis depuis 2002. Les auteurs ont d’abord tenté de mettre en relation le niveau d’exposition de la mère à des pyréthrinoïdes, au cours de sa grossesse, avec les capacités intellectuelles de l’enfant à l’âge de 6 ans ».
Cécile Chevrier indique : « Nous avions une hypothèse assez forte sur un lien entre l’exposition prénatale de l’enfant et son développement neuropsychologique, mais nos données ne montrent rien de tel ».


Stéphane Foucart explique que « le lien apparaît lorsque les pyréthrinoïdes sont recherchés chez les enfants eux-mêmes, à l’âge de 6 ans. […] Les enfants les plus exposés à ces insecticides présentaient des capacités de mémorisation et de compréhension verbale significativement inférieures aux autres. Alors que l’exposition in utero ne semble pas avoir eu d’effets sur la cognition, l’exposition directe des enfants dégrade leurs facultés cognitives ».
Le journaliste s’interroge : « D’où proviennent ces expositions ? L’étude ne le dit pas ». Cécile Chevrier note ainsi que « le lien est souvent fait avec l’agriculture, mais plusieurs travaux suggèrent que l’environnement domestique est une source importante d’exposition à ces produits, qui entrent dans la composition d’insecticides ménagers, de lotions antipoux, de produits antiparasitaires pour les animaux domestiques, etc. ».
Stéphane Foucart ajoute que « dans une étude […] publiée dans European Urology, une autre équipe de chercheurs et de cliniciens, menée par Nicolas Kalfa et Charles Sultan (CHU de Montpellier), a de son côté cherché à évaluer l’impact des pollutions environnementales sur le risque d’hypospadias ».
« Cette malformation congénitale du pénis est un défaut de positionnement de l’urètre, qui nécessite un acte chirurgical peu après la naissance. Elle toucherait environ 3 garçons sur 1.000, avec de fortes disparités régionales ; sa fréquence tend à augmenter 
», rappelle le journaliste.
Les auteurs écrivent que « l’augmentation de l’incidence de l’hypospadias, dans certaines régions ou certaines périodes, a conduit à suspecter que des polluants environnementaux puissent nuire au développement de l’appareil génital masculin pendant la vie fœtale ».
Stéphane Foucart explique donc que « les chercheurs ont comparé les données familiales de 300 enfants ayant été atteints d’hypospadias, à 300 enfants non touchés. La profession des parents a été relevée, de même que le lieu du domicile ».
« L’analyse des données conduite par les auteurs suggère que les enfants dont la mère est exposée, dans le cadre de son travail, à des perturbateurs endocriniens (PE) […] ont un risque 3 fois supérieur de présenter un hypospadias à la naissance, par rapport aux autres. L’exposition du père à ces substances de synthèse est également un facteur de risque, mais moindre », relève le journaliste.
Stéphane Foucart souligne que « les professions féminines les plus à risque sont les femmes de ménage, les coiffeuses, les esthéticiennes, les techniciennes de laboratoire. Du côté des pères, les travailleurs agricoles, les mécaniciens et les peintres ont également un risque accru de voir leur enfant touché par un hypospadias ».
Le journaliste note enfin que « les chercheurs ont également ajouté une dimension géographique à leur analyse. Ils ont relevé, dans un rayon de 3 km autour du domicile de chaque famille enrôlée dans l’étude, la présence d’une zone industrielle, d’une zone d’agriculture intensive ou d’un incinérateur. L’effet sur l’hypospadias existe, mais il est inférieur à celui d’une exposition directe des parents à des PE. Cependant, les risques se cumulent ».