Hécatombes dans les ruches : des abeilles forcées à butiner trop jeunes

Les abeilles connaissent depuis plusieurs années des taux de mortalité anormaux partout dans le monde.

Face à la disparition des abeilles qui frappe depuis le début des années 2000 de nombreuses ruches en Europe et aux Etats-Unis surtout, avec des effondrements de populations de 30 % à 90 % en raison des insecticides ou des parasites, une étude met au jour qu'un des facteurs majeurs de cette hécatombe : les abeilles les plus jeunes se trouvent contraintes de butiner trop précocement pour pallier l'insuffisance en nombre d'insectes adultes, ce qui provoque leur mort. L'organisation sociale des ruches s'en trouverait bouleversée.


De précédentes recherches avaient déjà montré que de telles situations, avec des insectes adultes victimes d'insecticides ou de parasites, contraignaient les jeunes abeilles à aller butiner plus tôt que la normale. Cette nouvelle étude, parue lundi dans les comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (NAS), vise à en déterminer les effets physiologiques sur ces insectes et les conséquences sur les colonies. Normalement, les abeilles commencent à butiner à deux ou trois semaines. Mais quand les ruches sont affaiblies par des maladies, un manque de nourriture ou d'autres facteurs qui tuent les abeilles adultes, les jeunes doivent prendre le relais plus tôt.

« ÉQUILIBRE COMPROMIS »

Les chercheurs ont attaché des émetteurs radio qui ont permis de suivre les mouvements de milliers d'abeilles durant toute leur vie. Ils ont constaté que celles qui commençant à butiner très jeunes mouraient plus souvent que les autres lors de leurs premiers vols hors de la ruche. « Le fait que les jeunes abeilles quittent la ruche plus tôt pour aller chercher du nectar et du pollen est probablement une adaptation à la réduction du nombre d'abeilles butineuses plus vieilles. Et si le taux de mortalité accru persiste trop longtemps, l'équilibre de la population de la ruche peut être compromis avec une accélération du nombre d'abeilles qui périssent et ce avec des conséquences catastrophiques », explique Clint Perry, de la faculté de biologie et de chimie de l'université Queen-Mary à Londres, l'un des principaux coauteurs de cette étude.

« Nos résultats, qui s'appuient sur un modèle mathématique, suggèrent que de traquer l'âge des abeilles quand elles commencent à butiner pourrait être un bon indicateur de la santé de toute la ruche », ajoute-t-il. Selon ce scientifique, « ces travaux apportent un éclairage sur les raisons de l'effondrement soudain de certaines colonies d'abeilles, ce qui pourrait aider dans la recherche de moyens pour empêcher ce phénomène », ajoute-t-il.

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